Rencontre avec Marie-Caroline Pavard, une dirigeante engagée
À la tête de l’entreprise familiale Les Voitures Henri Pavard aux côtés de son mari, Marie-Caroline Pavard incarne la détermination et l’engagement des petites et moyennes entreprises. Forte de 12 années d’expérience dans la gestion administrative de leur société spécialisée dans la mise à disposition de véhicules avec chauffeurs, elle partage avec nous son parcours, ses défis et ses réussites.
Adhérente à la CPME Calvados et mandataire au Conseil des Prud’hommes de Caen, elle revient sur l’importance de l’accompagnement des PME, son engagement pour défendre les intérêts des chefs d’entreprise et son message inspirant à ceux qui hésitent à s’impliquer dans des mandats.
Présentez-vous en quelques mots
Je m’appelle Marie-Caroline Pavard, j’ai 41 ans, et depuis maintenant 12 ans, j’ai rejoint Henri, mon mari, dans la gestion de l’entreprise qu’il a créé en 2009.
Les Voitures Henri Pavard proposent un service de mise à disposition de véhicules avec chauffeurs, allant de la berline à l’autocar 51 passagers. Navettes aéroports, évènements d’entreprises, excursions touristiques, nous ne chômons pas puisque nous avons la chance d’être dans une région très touristique.
Nous avons une flotte de 60 véhicules et une base de 28 salariés, qui augmente en saison touristique, qui va de mars à fin octobre.
Henri assure le pilotage global, et je suis particulièrement en charge de toute la gestion administrative.
Au bureau, nous sommes épaulés par Charlotte, Emilie et Romane.
Pourquoi êtes-vous adhérent(e) et depuis combien de temps ?
Depuis septembre 2020, nous sommes adhérents à la CPME.
En tant que gérants de petites, (voir très petites) et moyennes entreprises, nous devons être très bons dans notre cœur de métier, c’est nécessaire à la survie de notre structure.
Pour autant, nous n’avons parfois pas les moyens, humains, financiers, d’avoir au sein de nos équipes, un responsable RH, un juriste, un comptable, qui connaissent parfaitement les lois, et toutes les procédures, règles, normes, que cette gestion nous impose.
Et c’est souvent là que le bât blesse. Nous connaissons tous dans notre entourage professionnel un maçon par exemple, très doué de ses mains, mais dont l’entreprise n’a pas survécu, car il était dépassé en terme administratif, et il n’était pas informé des règlementations en vigueur…
Il est capital d’être accompagné par des professionnels, mais il est aussi très important d’être regroupés au sein d’une entité qui connaisse toutes les problématiques des gérants de petites et moyennes structures. Elle est ainsi mieux à même de les défendre.
Tous les chefs d’entreprises sont confrontés aux mêmes problématiques, adaptées bien évidemment à la taille de leurs structures. Mais les conséquences et les impacts ne sont pas du tout les mêmes in fine, que l’on soit dirigeant salarié (ce qui est plus fréquent dans les grosses structures) que gérant avec le statut d’indépendant.
C’est ce soutien, cette connaissance de nos particularités que nous avons recherché, et trouvé avec l’adhésion de notre entreprise à la CPME.
Avez-vous des fiertés/succès à partager ?
Une fierté globale, celle, je le pense, d’avoir réussi, en partant de zéro, à créer une équipe solide avec nous.
Et celle, particulière, d’avoir réussi à surmonter la terrible épreuve de la COVID. Les secteurs les plus touchés économiquement, l’aérien, le tourisme, sont nos deux cœurs de métier. Nous avons ainsi perdu 94 % de notre CA en 2020 et 62 % en 2021. Avec 20 salariés. Nous avons passé quelques nuits blanches, à nous demander ce que nous allions devenir ! Alors certes, l’État Français a aidé les salariés avec le chômage partiel et les entreprises avec le fonds de solidarité et les différents prêts. Mais pour autant ce n’étaient pas des dons, il faut les rembourser. À force de travail acharné, nous y parvenons sans trop de difficultés.
Quel(s) mandat(s) occupez-vous et depuis combien de temps ?
Depuis deux ans maintenant, je suis conseillère au Conseil des Prud’hommes de Caen, section commerce, où je représente le collège employeurs.
À quatre conseillers (deux du collège employeurs, deux du collège salariés) nous rendons les décisions de justice en première instance, pour les litiges individuels survenus à l’occasion de tout contrat de travail entre un employeur et un salarié.
Ce mode d’administration de la justice est très particulier. Nous ne sommes pas des magistrats professionnels, nous sommes des actifs dans le monde de l’entreprise. Même si nous rendons bien évidemment nos décisions sous le regard de la Loi, nous pouvons prendre en compte les particularités du monde de l’entreprise, que les magistrats professionnels ne connaissent pas.
Il est important d’avoir des employeurs qui se mobilisent dans cette instance.
Ce n’est pas toujours facile, il faut réussir à dégager du temps dans nos semaines bien chargées, pour siéger, délibérer, rédiger les décisions de justice que nous rendons, mais également pour se former. C’est important, capital même.
Dans la très grande majorité des dossiers, ce sont les employeurs qui sont défendeurs aux Prud’hommes.
Dans la mesure du possible, sous le regard de la loi bien entendu, si je peux avoir une oreille attentive à leurs contraintes, pour les partager aux conseillers salariés, je rempli mon rôle.
Je vous avoue que je suis parfois bien dépitée de voir que des employeurs ne se font pas accompagner par des professionnels du droit lorsqu’ils sont convoqués devant cette instance.
Alors, certes, les honoraires d’avocats peuvent représenter une charge importante, qui n’est pas prévue dans le business plan. L’entrepreneur n’a souvent pas de temps à y consacrer, et quand il répond et qu’il se défend seul, il se dit que sa bonne foi et ses arguments suffiront. Mais ce n’est pas le cas !
Les avocats connaissent les spécificités du droit du travail, et notamment les problématiques de la charge de la preuve, qui varient en fonction des sujets. J’ai vu des dossiers où nous n’avons pas eu d’autres choix que de donner raison aux demandes du salarié, juste en l’absence d’éléments en réponse de la part de l’employeur ! Avec l’assistance d’un professionnel avisé, bon nombre de condamnations pécuniaires auraient pu être évitées ou réduites.
Et avant d’en arriver à une procédure contentieuse, nous constatons malheureusement que chez certains employeurs, trop d’actes, qui relèvent pourtant du droit, sont pris à la légère. Des contrats de travail mal ficelés, des procédures règlementaires qui ne sont pas respectées. Forcément, devant un tribunal, cela ne passe pas. Il faut, tout au long de la relation contractuelle, se former, ou se faire accompagner, lorsque l’on est employeur. C’est indispensable, et trop de petites structures ne le font pas. Les conséquences économiques peuvent être catastrophiques pour la suite.
Que souhaiteriez-vous dire à nos adhérents pour leur donner envie de prendre un mandat ?
Engagez-vous ! Il faut des gens d’expérience, qui connaissent parfaitement le monde de l’entreprise, ses rouages, ses contraintes.
Trop de décisions qui impactent nos entreprises viennent de personnes qui n’ont jamais travaillé dans le secteur privé, de personnes qui n’ont même jamais été employeurs. Comment attendre d’elles qu’elles comprennent les problématiques que nous rencontrons, si nous ne nous mettons pas en position d’engagement dans les instances décisionnaires ?