Réforme des retraites : Xavier Prévost plaide pour un dialogue constructif sur France Bleu Normandie

 

Ce mercredi 17 janvier, Xavier Prévost, Président de la CPME Normandie, est intervenu sur France Bleu Normandie Calvados et Orne, dans l’émission de 7h45.
Invité à réagir sur la réforme des retraites, il a souligné l’importance d’un dialogue paritaire et constructif, appelant les partenaires sociaux à s’engager dans un conclave visant à trouver des solutions équilibrées et durables pour l’avenir du système de retraites.

Pour réécouter l’interview complète, rendez-vous sur le site de France Bleu Normandie.

 

Élodie Toucher, Journaliste France Bleu : Une nouvelle année commence avec de nouvelles négociations sur la réforme des retraites. Que pensez-vous de cette reprise des échanges ? Est-ce une bonne ou une mauvaise initiative ?

Xavier Prévost : C’est une bonne initiative et plutôt une bonne nouvelle pour le paritarisme ! Comme vous le savez, le paritarisme et les syndicats travaillent régulièrement sur cette question sociale, notamment dans le cadre de l’AGIRC-ARRCO. Confier la réforme des retraites aux acteurs sociaux et aux actifs me semble pertinent. J’espère que chacun entrera dans ces échanges avec responsabilité afin de trouver des solutions équilibrées.

Élodie Toucher : Les négociations porteront sur la réforme des retraites. Pensez-vous que cela risque de se concentrer uniquement sur l’âge de départ, fixé à 64 ans ?

Xavier Prévost : Si l’âge de départ est la seule porte d’entrée des discussions, cela risque effectivement d’être compliqué.

Élodie Toucher : Les syndicats, comme la CFDT et la CGT, ont déclaré sur notre antenne qu’ils ne feraient aucun compromis sur cette question. Cela commence-t-il mal ?

Xavier Prévost : Il est possible que chacun adopte des postures en début de négociations. Toutefois, si toutes les parties acceptent réellement de réfléchir et de travailler ensemble, je reste optimiste. J’espère sincèrement que sans dogmatisme, des avancées pourront être trouvées.

Élodie Toucher : En tant que représentant de la CPME Normandie, êtes-vous prêt à faire des concessions sur cette question ?

Xavier Prévost : Il y a une réalité mathématique liée à la démographie. Nous avons la chance de vivre plus longtemps, mais le ratio entre actifs et retraités s’est inversé. Trois leviers permettent d’agir : la durée de cotisation, le montant des pensions et le niveau des cotisations. Travailler uniquement sur l’âge de départ me semble insuffisant. Économiquement, on ne peut pas faire croire que l’argent tombera du ciel. Pour autant, je ne suis pas dogmatique, et il me semble difficile d’imaginer un retour à un départ plus précoce à la retraite en 2025. D’autres pistes doivent être explorées.

Élodie Toucher : Quels points d’amélioration ou sujets devraient être abordés lors de ces trois mois de négociations ?

Xavier Prévost : Un sujet encore trop peu abordé et pourtant essentiel est celui de l’usure professionnelle, qui n’est pas à confondre avec la pénibilité au travail. Une personne ayant exercé toute sa carrière à l’extérieur, soumis aux conditions climatiques ou à des efforts physiques, n’a pas la même usure qu’une personne ayant travaillé dans un bureau. C’est un sujet que nous portons depuis longtemps et qui mérite un vrai débat avec nos partenaires sociaux.

Un autre point à discuter, même s’il peut sembler tabou, est la question de la capitalisation. Actuellement, ce sont les actifs, salariés et entreprises, qui financent les retraités, ce qui est un principe juste. Cependant, nous devrions réfléchir à intégrer une part de capitalisation dans ce système : à quel montant, sur quel taux, comment le rendre équitable ? Ce sont des questions complexes, mais essentielles pour compléter le régime actuel de répartition.

Élodie Toucher : Pensez-vous que certaines personnes pourraient partir plus tôt en fonction de leur niveau d’usure professionnelle ?

Xavier Prévost : Exactement ! Cela devrait être pris en compte pour garantir une forme de justice sociale dans la réforme.

Élodie Toucher : Êtes-vous prêt à tout à la CPME pour parvenir à un accord à l’issue de ces négociations ? Faut-il un accord à tout prix ?

Xavier Prévost : Non. Nous avons la responsabilité du collectif et de l’équilibre économique. À la CPME, nous refusons de mettre en otage les générations futures. Nous sommes prêts à travailler sérieusement pour proposer des solutions au gouvernement, mais si aucun accord n’est trouvé, le système actuel perdurera, avec ses limites.